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7 juin 2011 2 07 /06 /juin /2011 19:00

Trois ans jour pour jour après les retrouvailles de Raymonde Nathanson avec Robert Maignan, gendre de Gabriel et Sara Cailac, la cérémonie très émouvante et solennelle en mairie de Mouzon, à l'invitation de Gérard Renwez, maire de la ville, les a réunis à nouveau, en présence des petits-enfants et arrière petits-enfants de Gabriel et Sara, ainsi que de nombreuses personnalités, dont Madame la sous-préfète de Sedan, M. Marc Laménie, sénateur, Mr Wiblet conseiller général, Mme Hyon-Paul, directrice de l'ONAC, le lieutenant-colonel Canivenq, délégué du Souvenir français, des représentants des élus locaux, du monde combattant et de la communauté israélite de Champagne-Ardenne.
La médaille était remise par Michel Harel, ministre près l'ambassade d'Israël à Paris, en présence de Didier Cerf, délégué régional de Yad Vashem, institut chargé d'instruire les dossiers de Justes parmi les nations. Cette distinction est la plus haute remise à titre civil par l'Etat d'Israël.
Tous ont salué le travail d'AFMD Ardennes qui a permis ces retrouvailles et l'aboutissement du dossier.

2011 0068
M. Wiblet , conseiller général, Michel Harel, ministre près
l'ambassade d'Israël à Paris, Madame Obara sous-préfet de Sedan
représentant le préfet N'Gahane, Marc Laménie sénateur, Gérard Renwez
maire de Mouzon, Raymonde nathanson, Christine Dollard-Leplomb,
présidente d'AFMD Ardennes, Didier Cerf, délégué régional de yad Vashem,
David Dawidowicz, surviant de la WOL à Fraillicourt, sauvé par la
famille WIMART.

 

 

2011 0124

  Le diplôme et la médaille : Didier Cerf, Raymonde Nathanson,
Robert Maignan 94 ans ,gendre récipiendaire pour Gabriel et Sara Cailac,
Michel harel, ministre près l'ambassade d'Israël à Paris.

Discours de C. Dollard-Leplomb au nom de l'AFMD

   

Mme le sous-préfet, Mr le ministre près l’ambassade d’Israël, Mr le sénateur, Mr le maire, Mmes et Messieurs en vos titres et qualités, Mesdames et Messieurs,

 

Je vous présente les excuses du Dr  Manfred Faust, archiviste de Hürth, près de Cologne, qui a œuvré là-bas de façon remarquable à la mémoire de la Shoah. La famille Erder, de Hürth était à Francheval.

 

Je salue la présence ici de David Dawidowicz, survivant de la WOL à Fraillicourt, sauvé avec tous les siens par la famille WIMART.

 

Je veux saluer la mémoire de Robert Pingard, décédé en décembre dernier, qui, par une seule phrase, m’a donné le fil conducteur qui m’a permis de vous retrouver :

« Le jour de la rafle, Raymonde Nathanson était en vacances à La Besace, elle a échappé… »

 

Ma chère Raymonde , merci d’être là, car grâce à votre présence, nous pouvons mieux mesurer à la fois la monstruosité du sort auquel vous avez échappé et la grandeur de M. et Mme Cailac qui vous y ont soustraite. Sort auquel n’ont pas échappé vos camarades, déportés des Ardennes :

 Hélène, Berthe  et Estéra Bielawska, 8, 12 et 17 ans  Isaac Blogowski  17 ans, Ginette et  Esther-Denise  Drager, 6 et 12 ans, et Maurice Flank, 12 ans de Bulson, Sonia  et Esther Abelanski 13 et 15 ans et leurs cousines Monique et Rachel Aizenberg 5 et 8 ans ainsi que Simon et Jacques   Goldstein 5 et 11 ans, avec  leurs cousins David, Jacques et Sarah Gutman 10, 12 et 17 ans  et  Maurice Morgenstern, 11 ans, de Puilly, Simon Harf, 16 ans de Sailly, Régine Goldberg 13 ans et  Blanche et  Albert Zynger, 5 et 8 ans de Brévilly, Jacques Joskowicz, 16 ans et  Jean   Kardesch 16 ans de Herbeuval, Micheline Kaplan, 15 ans, et Ernest Ornstein, 16 ans de Remaucourt, Daniel, Jamek,  Paulette et  Rosa Lisoprawski 4,8, 9 et 10 ans, Michel Mayerfeld, 2 ans de Poix-Terron, Anne  Nanasbaum, 15 ans, et Rosa Reich 17 ans de Chalandry, Henri Pitkowski, 9 ans, et Henri Reznicow, 12 ans, de Beaumont-en-Argonne, Annnette  Tribel, 4 ans de Singly, Sylvain et Denise Tyszler, 2 et 4 ans, de Chagny, Samy Uziel, 7 ans de Buzancy, Hélène Cyminski , 10 ans, de   Rethel, Dora Levi, 13 ans, de Vouziers, Michel  Baum, 2 ans, et  Sylvain Schildkraut, 12 ans, de Francheval, René Kornberg, 5 mois et demi, de Francheval, auxquels s’ajoutent 25 jeunes de 18 à 25 ans et les enfants ardennais déportés de leur lieu d’évacuation, comme Emilie Goldsand, Françoise Bader, les fratries entières des familles  Bernstein , Waldkirch, Herschlikowicz et tous les autres… En tout 11 400 enfants juifs de France parmi un million d’enfants juifs exterminés en Europe.

 

Je vous laisse émettre les hypothèses relatives  à cette  question à jamais sans réponse : « qu’auraient-ils fait s’ils avaient vécu ? Que nous manque-t-il qu’ils n’ont pu réaliser ? »

Question qui nous fait comprendre que « tuer les autres, c’est se tuer soi-même », et que chacun d’entre nous est concerné personnellement par la mémoire de la déportation et de l’extermination .

Votre père  David  Nathanson, russe réfugié en France en 1925, est frappé le 14 mai 1941 par la rafle dite du billet vert, qui vise les hommes  juifs étrangers, dont beaucoup s’étaient pourtant portés combattants volontaires en 1939 aux côtés de l’armée française.

Il est interné au camp de Joué, en Gironde, lorsqu’on lui propose d’être libéré à condition de s’engager comme ouvrier agricole « aux Ardennes », et en échange d’une promesse de protection pour sa famille. Il accepte, ainsi que tous ses camarades, et arrive le 29 mars 1942 à Bulson, où vous le rejoignez avec votre maman, Lyba-Esther, couturière d’origine polonaise, le 18 juillet  suivant.

Vous allez à l’école du village, mais en mars 1943, arrivent en nombre des Polonais catholiques déportés de la région d’Auschwitz qui révèlent la vérité ou une partie ?…

Le mois suivant à Bulson on arrête et déporte la famille Drager avec ses deux fillettes : vos parents comprennent que plus  rien ne protège les juifs de la WOL des Ardennes, et décident de vous confier à Gabriel et Sara Cailac, en juin. M. Cailac fait des tournées pour la coopérative de Douzy, c’est ainsi que votre père l’a connu. Peut-être ont-ils sympathisé parce que M. Cailac était gantier auparavant et votre père ouvrier maroquinier.

Madame Cailac, tenancière du café de La Bagnole, vous recueille et vous élève comme sa propre fille Evelyne. Vous allez à l’école du village à La Besace (M. Lecuivre), jusqu’en 1946, date à laquelle votre famille la plus proche, vivant en Angleterre, vous retrouve.

Parmi les témoignages unanimes sur les qualités de Mme Cailac, je citerai celui de Suzanne Majoie, amie d'enfance de sa fille : « Oh , là , là ! Elle était très attachée à mettre en pratique  ses principes religieux, vous savez qu’elle était protestante... Un jour, papa avait été appelé pour être juré aux assises. Elle lui avait écrit une lettre, pour lui demander de ne pas voter pour la peine de mort ! Elle a sauvé une petite Juive aussi…C'était quelqu'un de très bien Madame Cailac. »

 

 

Au moment de la rafle finale du 4 janvier 1944, 110 personnes furent sauvées par les habitants ainsi que par certains  Allemands ou par des gendarmes français.

 Honneur aux Justes, reconnus ou anonymes pour toujours, qui, en sauvant des vies ont sauvé l’Humanité.

 

françoise

 

 

En 2008, Françoise avait contacté l'AFMD, désolée d'avoir  manqué la

                                          rencontre avec Raymonde : « On habitait la ferme des Cendrières à l'époque.

                                      J'avais un vélo pour aller à l'école à La Besace, et je mettais pied à terre à La Bagnole

                                         pour accompagner Raymonde qui allait à pied. J'ai 4 ans de plus qu'elle…

                                              Elle ne vous a pas parlé de moi ? Mais si : vous lui direz "la

                                                rouquine des Cendrières", forcément, elle va se rappeler ... »

 

 

 

 

 

 

 

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